Par Thomas René. Libreville, 03 juillet 2025
Dans un contexte économique encore fragile, le Gabon crée la surprise en réussissant brillamment sa dernière émission obligataire régionale. Portée par une nouvelle gouvernance résolument tournée vers la rigueur et l’efficacité, cette levée de fonds record marque un tournant dans la stratégie de redressement des finances publiques et témoigne d’un regain de confiance des investisseurs envers la signature gabonaise.

Dans un contexte de rigueur budgétaire et de retour progressif à la stabilité institutionnelle, le Gabon vient d’enregistrer un important succès sur le marché financier régional. L’État gabonais a clôturé avec brio son émission obligataire dénommée « EOG 2025 à tranches multiples », réalisée en mars dernier sur la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac). Selon Emrald Securities Services Bourse (ESS Bourse), chef de file de l’opération, le montant mobilisé a atteint 119,91 milliards FCFA, soit un taux de souscription de plus de 141 % par rapport à l’objectif initial de 85 milliards FCFA.
Ce résultat impressionnant confirme la restauration de la crédibilité du Gabon auprès des investisseurs, dans une sous-région encore marquée par des incertitudes économiques. Deux tranches étaient proposées dans cette opération : l’une à un taux d’intérêt de 5,6 % sur deux ans, et l’autre à 6 % sur trois ans. Des conditions jugées attractives, qui ont su séduire une large base d’investisseurs aux profils diversifiés.

Une dynamique portée par une nouvelle gouvernance
Ce retour en force sur les marchés financiers est perçu comme un signal positif pour les observateurs économiques, illustrant l’impact des récentes réformes entreprises par les nouvelles autorités. Depuis l’accession au pouvoir du président de la Transition, Son Excellence le Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, une politique de rigueur budgétaire, de moralisation des finances publiques et de réduction des dépenses improductives est engagée.
Les résultats commencent à se faire sentir. Le succès de cet emprunt contraste fortement avec les difficultés rencontrées en 2024 lors d’une précédente opération similaire, qui avait dû être prolongée à plusieurs reprises faute de souscription suffisante. Cette embellie traduit également un regain de confiance des investisseurs envers la signature gabonaise, dans un climat politique apaisé après la tenue de l’élection présidentielle de la Transition.

Des financements orientés vers les infrastructures d’avenir
Les ressources issues de cette levée de fonds seront prioritairement allouées au financement de projets d’infrastructures structurantes. Parmi eux figure la construction de la Cité administrative de l’État, un vaste ensemble immobilier devant accueillir les principaux services de l’administration centrale. L’objectif est clair : rationaliser les dépenses, notamment locatives, estimées aujourd’hui à plus de 20 milliards FCFA par an, tout en offrant de meilleures conditions de travail aux agents publics et un accueil plus efficace aux usagers.
Le projet prévoit aussi la création d’un centre d’affaires attenant, qui pourrait à terme générer des opportunités d’emploi et contribuer à la relance économique nationale.
Vers une trajectoire budgétaire assainie
Cet épisode témoigne d’un début de redressement des comptes publics, appuyé par une meilleure gouvernance financière. En misant sur la discipline budgétaire et la mobilisation de ressources sur les marchés régionaux, le Gabon cherche à s’affranchir de certaines dépendances extérieures tout en renforçant sa souveraineté économique.

Pour de nombreux analystes, cette dynamique traduit un tournant dans la gestion publique. Elle pourrait préfigurer un nouveau modèle de développement plus résilient, plus inclusif, et plus en phase avec les réalités économiques du pays et de la sous-région.