Par la rédaction de Globe infos Libreville, 25 octobre 2025.

Dans les arcanes du pouvoir gabonais, rares sont ceux qui suscitent autant de curiosité que Marcel Aurélien Mintsa Mi Nguema. Loin du tumulte des réseaux sociaux et des polémiques partisanes, cet homme de dossiers, ancien directeur général du Budget et des Comptes publics, s’impose désormais comme l’un des piliers de la galaxie présidentielle. Fidèle du chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, dont il est par ailleurs le frère, il incarne une génération de technocrates qui ont choisi de conjuguer engagement politique et rigueur administrative.

De la haute administration à l’arène politique

Formé à l’École nationale d’administration de Paris, expert en audit et comptabilité publique, Marcel Aurélien Mintsa Mi Nguema s’est d’abord distingué dans la sphère technocratique. Auditeur supérieur à la Cour des comptes du Gabon, il a ensuite gravi les échelons jusqu’à diriger la puissante Direction générale du Budget et des Comptes publics (DGBFIB).
Un parcours qui, dans un autre contexte, aurait suffi à faire de lui une figure incontournable de la gestion publique. Mais dans le Gabon post-30 août 2023, son destin s’est trouvé lié à celui du « Coup de libération » et de la Cinquième République que le président Oligui Nguema s’attache à bâtir.

Son limogeage de la DGBFIB, décrit par certains comme le résultat d’un « plan perfide » de ses détracteurs, aurait pu marquer un tournant amer. Ce fut, au contraire, le point de départ d’une reconversion politique assumée.

L’homme derrière la “Pensée Patriotique”

C’est en politique que l’ancien haut fonctionnaire a trouvé une nouvelle vocation. Fondateur de l’association Pensée Patriotique, réseau national et diasporique, il a su en faire un véritable moteur de mobilisation citoyenne au service du président Oligui Nguema.
De la campagne référendaire du 16 novembre 2024 à l’élection présidentielle d’avril 2025, cette structure s’est imposée comme un relais stratégique dans la consolidation du pouvoir. Son influence s’est ensuite traduite au sein de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), le parti présidentiel dont il est le trésorier national.

Sous son impulsion, l’UDB a signé des victoires écrasantes lors des élections couplées de septembre et octobre 2025. Dans le Woleu-Ntem, bastion symbolique du nord du pays, les « Udbistes » ont raflé 17 des 18 sièges parlementaires et pris le contrôle de tous les conseils municipaux et départementaux. Une performance qui, selon plusieurs observateurs, porte la marque Mintsa Mi Nguema : méthode, discipline et sens de l’efficacité.

Un gestionnaire rigoureux et loyal

Ses proches louent un gestionnaire rigoureux, transparent dans la gestion du « franc électoral » du parti. Aucun scandale, aucune plainte : dans un contexte politique souvent miné par les querelles de financement, cette réputation vaut son pesant d’or.
Mais cette loyauté sans faille au président Oligui Nguema n’est pas sans prix. Depuis plusieurs mois, Marcel Aurélien Mintsa Mi Nguema fait face à une forme de « délit de patronyme ». Être le frère du chef de l’État, dans un pays où les critiques de népotisme guettent chaque nomination, fait de lui une cible commode. Certains voient dans sa réussite une simple extension de la présidence ; d’autres y lisent la preuve que le Gabon dispose enfin de cadres solides capables d’allier compétence et fidélité institutionnelle.

Entre discrétion et ambition

À 40 ans passés, ce « jeune loup aux dents longues », comme le décrit la presse nationale, avance avec prudence mais détermination. Dans son entourage, on parle d’un homme calme, méthodique, peu enclin aux excès médiatiques. Sa stratégie : servir d’abord, convaincre ensuite.
Sa loyauté, son parcours académique et sa connaissance fine des mécanismes de l’État font de lui un profil taillé pour les grandes responsabilités. Certains, au sein même du sérail, le voient déjà prêt à reprendre un portefeuille ministériel, notamment dans les secteurs économiques ou financiers.

Un atout pour le président Oligui Nguema

« On ne lance des pierres qu’à un arbre qui porte des fruits », rappelle un de ses partisans, pour résumer les critiques récurrentes dont il fait l’objet. Mais dans une période de transition politique où le Gabon tente de refonder son système institutionnel, des profils comme celui d’Aurélien Mintsa Mi Nguema représentent un capital politique et administratif rare.
Pour le président Oligui Nguema, disposer de collaborateurs compétents et loyaux n’est pas une faiblesse : c’est une garantie de stabilité. Et à ce titre, Marcel Aurélien Mintsa Mi Nguema s’impose, qu’on l’aime ou non, comme l’un des plus solides « soldats » du chef de l’État.