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GABON/LE DIALOGUE NATIONAL De La RENAISSANCE : LE TRES DISCRET PEUPLE AUTOCHTONE UNGOM A DEPOSE SA CONTRIBUTION

Libreville le 07 décembre 2023 Globe Infos 

C’est sous le label de l’Association culturelle TEBAKANI, que les Ungom du Gabon ont déposé, le mercredi 29 novembre 2023 dernier, leur contribution au dialogue national, conformément à l’Appel lancé par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement de la Transition, Monsieur Raymond Ndong Sima.

Peut-on parler de surprise ? Rien n’est moins sûr, car ce peuple a été discret et quasi-absent des grand-messes nationales depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale.

Classifié dans le groupe « Akélé » par la communauté scientifique, ce peuple s’identifie au groupe « Ungom », ethnonyme laissé par ses ancêtres et qui porterait la trame de son patrimoine culturel. Outre les Ngom, Akélé, Kota, Mbahouin, Sékiani, Tombili, Ndambomo, Mahongwè, Shaké, Ndassa, Shamaye et Sissiu, qui sont formellement identifiés comme faisant partie de ce peuple, les traditions orales de cette communauté rapportent que tous les peuples du Gabon sont de souche Ungom, une affirmation qui bouleverse les certitudes.

Pour tester la véracité de cette prétention, avec notre consultant le Docteur Mathias Eveva, nous nous attelerons chaque semaine à la démonstration de l’origine Ungom des peuples du Gabon, y compris les pygmées.

Décidément, le CTRI et son Président, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, réveillent les morts. L’appel à contribution, lancé en octobre dernier par le Gouvernement de la Transition, a reçu l’adhésion populaire avec près de 17500 contributions déposées par les forces vives de la Nation. Près de 1600 associations ont déposé leurs contributions, à l’instar de l’Association culturelle TEBAKANI qui regroupe les membres du très discret peuple autochtone « Ungom ». Cette communauté a la particularité de ne pas être visible sur la scène nationale depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. Pourtant, elle paraît dans le fond, la plus grande communauté du Gabon, et peut-être, la communauté-mère qui a donné toutes celles qui existent dans ce pays. Fait curieux, silencieux depuis les indépendances, les « Ungom » ont donné de la voix en Août dernier pour dénoncer les errements du PDG. Cette sortie annonçait-elle la fin du PDG et l’arrivée d’un messie à la tête du pays ? On pourrait ne pas le croire, mais quand on connaît l’histoire de ce peuple, on peut se montrer prudent à affirmer que cette sortie, deux semaines avant le coup de libération d’Août 2023, était fortuite. Nous voulons ici tenter une esquisse de réponse à la question « qui sont les Ungom en réalité ? »

En effet, les Ungom sont la seule communauté au Gabon à avoir une implantation historique sur l’ensemble du territoire national, voire au-delà. Le Capitaine René Avelot leur attribue un immense territoire historique en Afrique Equatoriale, allant de l’Atlantique à la Likwala en République du Congo, et du Nyong en République du Cameroun au Nyanga au Gabon. Il situe dans les bassins de l’Uelle et du Mbomou, affluents de droite et de gauche de l’Oubangui, « le pays d’origine des Pahouins et des Bakalais » (Juste Roger Koumabila, « un choix de liberté, la guerre de Wongo au Gabon, 1928-1930 », 2015). Paul Du Chaillu, un autre explorateur colonial, déclarait en 1863, à propos des « Ungom » : « C’est la tribu la plus nombreuse et la plus importante que j’ai jamais rencontrée en Afrique Equatoriale. Du Muni au nord jusqu’au Fernand Vaz au sud, et des zones côtières à la terre Apindji, j’ai vu les Bakalais. Au nord, ils vivent près de la côte et des rivières, mais quand je me suis déplacé vers le sud, je les ai vus s’éloigner de l’Océan et pénétrer dans les terres. Leurs établissements sont très dispersés. J’ai souvent retrouvé les villages Bakalais indépendants, perdus dans un territoire occupé par d’autres tribus ». Hubert Deschamps notait en 1962 « Les Bongom que les Fang appellent Bingom et que les Myène appellent Akélé ou Bakélé, semblent avoir occupé avant l’invasion Fang, de vastes espaces allant de Booué à la Basse Como, des Monts de Cristal à la Basse

Ngounié, enjambant l’Ogooué et s’étendant jusqu’aux lacs de la région de Lambaréné » (« Traditions orales et archives du Gabon », 1962).

On peut alors se demander où est passée cette plus grande tribu d’Afrique Centrale? La réalité est qu’elle n’a pas disparu. Elle s’est muée en plusieurs autres petites communautés et se trouve certainement au cœur de la naissance de plusieurs peuples du Gabon. A partir de la semaine prochaine, nous nous ferons le devoir de rappeler les communautés gabonaises de souche Ungom.

Dr Mathias EVEVA

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