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AES : Une alliance fragilisée par des intérêts divergents

La rédaction 066867376 Globe Infos. À peine mise sur pied, L’AES présente déjà des divergences. Ce qui emmène à une interrogation : L’AES serait-elle déjà condamnée à mourir avant même sa réelle naissance ?

Libreville le 18 février courant. L’Alliance des États du Sahel (AES), censée incarner une unité stratégique entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, montre des signes de fissures profondes. Malgré les déclarations de solidarité et de coopération, les récents rapprochements du Burkina Faso et du Niger avec l’Algérie exposent les limites de cette entité régionale, révélant ainsi des intérêts divergents et des stratégies contradictoires.

Alors que le Mali s’est engagé dans une rupture diplomatique nette avec l’Algérie, le Burkina Faso et le Niger, eux, ont choisi de renouer leur coopération militaire avec ce pays. Cette décision constitue un véritable désaveu pour Bamako et Assimi Goïta, qui considèrent Alger comme un acteur indésirable dans la gestion des affaires sahéliennes.

En effet, après avoir mis fin à l’accord de réconciliation nationale parrainé par l’Algérie depuis 2015, le Mali a durci sa posture en plaçant ce pays sur la liste des États avec lesquels toute coopération est déconseillée, à l’instar de la France et des États-Unis.

Dans ce contexte, l’attitude du Niger et du Burkina Faso apparaît comme une entorse majeure à la cohésion de l’AES. Le Premier ministre nigérien Mohamed Lamine Zain, accompagné de son ministre de la Défense, s’est récemment rendu à Alger pour renforcer la coopération militaire. De son côté, Ibrahim Traoré, à la tête du Burkina Faso, multiplie également les échanges avec le gouvernement algérien. Ces manœuvres laissent entrevoir une fracture au sein de l’Alliance et remettent en question l’idée même d’une stratégie commune face aux défis sécuritaires et diplomatiques de la région.

L’AES, créée dans un élan de souveraineté et de rupture avec les anciennes puissances coloniales et leurs alliés, se heurte donc à une réalité bien plus complexe : celle des intérêts nationaux qui prévalent sur les engagements collectifs.

Le Mali, en adoptant une posture radicale contre Alger, se retrouve isolé dans cette configuration, tandis que le Burkina Faso et le Niger privilégient une approche plus pragmatique, soucieux de diversifier leurs partenariats.Cette divergence d’approches pose une question essentielle : l’AES peut-elle réellement survivre aux rivalités internes et aux choix stratégiques opposés de ses membres ?

En l’état actuel, cette alliance semble davantage une coalition de circonstances qu’une véritable union fondée sur une vision commune. Les dissensions actuelles risquent d’affaiblir son influence et de compromettre sa crédibilité sur la scène régionale et internationale.

STR