Présidentielle 2025 au Gabon : une observation citoyenne qui renforce la transparence électorale.
Par Thomas René
Libreville, Gabon le 15 avril 2025. Le scrutin présidentiel du 12 avril 2025 s’est déroulé dans un climat apaisé, marqué par une forte mobilisation citoyenne et une observation électorale rigoureuse assurée par des organisations nationales de la société civile. À travers une coordination structurée, ces OSC ont déployé près d’un millier d’observateurs sur l’ensemble du territoire pour documenter, analyser et évaluer le déroulement du vote. Leurs conclusions, présentées lors d’une conférence de presse ce 14 avril à l’Hôtel Hibiscus de Louis, jettent une lumière précieuse sur l’état de la démocratie gabonaise.

Une mission d’observation nationale organisée et crédible
La mission d’observation, portée par le Réseau des Observateurs Citoyens (ROC), la Coalition Tournons La Page Gabon (TLP-Gabon) et la MOE_OSCs du Gabon, a mis en œuvre une approche méthodologique exemplaire :
Recrutement et formation de 914 observateurs selon les normes internationales ;
Déploiement structuré sur l’ensemble du territoire national ;
Utilisation d’outils digitalisés pour la collecte des données ;
Constitution de cellules de veille techniques, analytiques et politiques pour centraliser les rapports de terrain.
Cette mobilisation citoyenne a permis de garantir une couverture large et une remontée fiable des informations issues des bureaux de vote.

Un scrutin globalement satisfaisant malgré des défis persistants
Selon le rapport de la mission, les opérations électorales du 12 avril 2025 se sont déroulées dans des conditions calmes, transparentes et conformes aux procédures établies. Les constats les plus significatifs incluent :
Respect des horaires d’ouverture des bureaux de vote dans la majorité des cas ;
Présence effective des membres des bureaux de vote ;
Forte affluence des électeurs dès l’aube, témoignant de l’engagement citoyen ;
Matériel électoral disponible et suffisant ;
Déroulement globalement transparent du dépouillement, avec affichage public des résultats et remise des procès-verbaux aux représentants des candidats.
En outre, la présence d’observateurs internationaux et de l’ACER a renforcé la légitimité du scrutin.

Cependant, plusieurs défis ont été recensés :
Accessibilité insuffisante pour les personnes en situation de handicap ;
Disparités dans la couverture médiatique entre les candidats ;
Faible représentation féminine parmi les candidats (1 femme sur 8) ;
Difficultés procédurales pour l’obtention des accréditations ;
Cas d’entraves à l’accès des observateurs dans certains bureaux ;
Tentatives isolées d’intimidation ou de manipulation
Recommandations pour une démocratie plus inclusive et transparente
Face à ces constats, la mission d’observation a émis plusieurs recommandations à l’attention des autorités :
- Simplifier la procédure d’accréditation des observateurs ;
- Élaborer un guide national de l’observation électorale ;
- Renforcer les formations croisées entre les parties prenantes (observateurs, personnel électoral, autorités locales) ;
- Mettre en œuvre une stratégie nationale d’éducation civique et électorale ;
- Encourager une plus grande participation des femmes, des jeunes et des personnes vivant avec un handicap ;
- Garantir un accès équitable aux médias pour tous les candidats.

Vers une citoyenneté électorale active et responsable
Ce scrutin présidentiel, bien que perfectible, marque une avancée dans la consolidation démocratique du Gabon. Le rôle de la société civile s’est avéré central, non seulement dans la surveillance du processus électoral, mais également dans la sensibilisation des citoyens à leur devoir de participation.
L’engagement des OSC, conjugué à l’ouverture des institutions et à l’implication des médias, constitue un signal fort pour la construction d’un cadre électoral plus inclusif, transparent et équitable.
Il revient désormais aux autorités compétentes de tirer les leçons de cette expérience, en mettant en œuvre les recommandations formulées, afin de renforcer la confiance des citoyens dans les institutions et de consolider les acquis démocratiques.