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Licenciement contesté : le tribunal du travail de Libreville donne raison à Pierrick Ivan Obiang Edou face à BGFIBank

Le groupe bancaire BGFIBank Holding Corporation et sa filiale gabonaise condamnés à verser près de 900 millions de FCFA à leur ancien cadre pour licenciement abusif.

Par Thomas René. Libreville, 24 juin 2025.

Dans un verdict retentissant, le Tribunal du Travail de Libreville a reconnu le caractère abusif du licenciement de Pierrick Ivan Obiang Edou, ancien haut cadre de BGFIBank Gabon. Près de 900 millions de FCFA devront lui être versés, selon la décision judiciaire, marquant ainsi un tournant dans la reconnaissance des droits des dirigeants d’entreprise au Gabon. Une affaire emblématique qui interpelle sur la place de la justice sociale dans les rapports professionnels et rappelle que nul n’est au-dessus de la loi.

En effet, le Tribunal du Travail de Libreville a rendu sa décision dans le litige opposant M. Pierrick Ivan Obiang Edou, ancien Directeur Général Adjoint de BGFIBank Gabon, à son ancien employeur, BGFIBank Holding Corporation, ainsi qu’à la filiale gabonaise du groupe.

Dans son verdict, le tribunal a condamné solidairement les deux entités à verser à l’ex-dirigeant la somme de près de 900 millions de FCFA, au titre d’un licenciement jugé abusif. Selon la décision judiciaire, un montant de 500 millions de FCFA devra être exécuté de manière immédiate.

Un différend professionnel aux enjeux importants

Ce contentieux, selon les éléments présentés devant la juridiction, trouve son origine dans la rupture du contrat de travail liant M. Obiang Edou à BGFIBank Gabon. Le tribunal a estimé que la procédure ayant conduit à ce licenciement ne respectait pas les garanties légales prévues par le Code du travail.

D’après les arguments soutenus par la défense, l’ancien cadre supérieur aurait été confronté à des mesures restrictives telles que le gel de comptes bancaires et une atteinte à son image professionnelle, ce qui aurait aggravé les conséquences de son éviction. Des affirmations que le tribunal semble avoir en partie retenues, sans pour autant les confirmer en totalité.

Un précédent notable pour les cadres dirigeants

La décision de justice revêt une portée symbolique. Pour plusieurs observateurs, elle pourrait constituer un signal fort en faveur du respect des droits des cadres supérieurs dans le secteur privé, souvent perçus comme moins protégés par les mécanismes classiques de représentation du personnel.

Dans ses motivations, le jugement rappelle que « les règles s’imposent à tous, y compris aux puissants groupes économiques », soulignant ainsi le principe de l’égalité de tous devant la loi.

Une prise de parole publique du conseil juridique

C’est au cours d’un point de presse organisé par son conseil juridique, que les détails du verdict et les réactions du camp de M. Pierrick Ivan Obiang Edou ont été rendus publics. À cette occasion, Me Gilbert Mfoumbi Moundounga, avocat du plaignant, s’est exprimé sur la portée du jugement. Il a salué une victoire de la justice sociale, tout en dénonçant les souffrances morales et personnelles subies par son client et sa famille depuis le début de l’affaire. Le conseil a aussi réitéré sa détermination à obtenir l’exécution pleine et entière de la décision judiciaire.

Un appel à l’autorité publique pour l’exécution de la décision

L’équipe juridique a exprimé le souhait que l’État veille à l’application effective de ce jugement. À travers une déclaration formelle, elle invite le Président de la République, Son Excellence Brice Clotaire Oligui Nguema, ainsi que le Conseil Supérieur de la Magistrature, à garantir le respect de cette décision, dans l’esprit de l’État de droit.

Vers une consolidation de l’autorité judiciaire

Ce jugement, rendu dans un contexte de revendications croissantes pour une gouvernance plus transparente au sein des grandes entreprises opérant au Gabon, pourrait contribuer à renforcer la confiance des citoyens dans les institutions judiciaires.

Il ne s’agit pas seulement d’un litige personnel, mais d’un cas susceptible de faire jurisprudence et de réaffirmer le rôle de la justice comme régulateur des relations professionnelles.

En définitive, si cette décision vient clore une bataille judiciaire longue et complexe, elle ouvre également un débat plus large sur la protection des droits dans le monde du travail au Gabon. Elle rappelle surtout que dans une démocratie fondée sur le droit, chaque citoyen, quel que soit son statut, peut aspirer à obtenir réparation lorsque ses droits sont reconnus comme lésés par les juridictions compétentes.