Entretien exclusif avec Cyril Ondzigui, expert africain en stratégie marketing, management commercial, communication et RSE

« Une entreprise qui veut vivre doit faire du marketing »
Thomas René (T.R) : Monsieur Ondzigui, vous affirmez souvent qu’« une entreprise qui veut vivre doit faire du marketing ». Pourquoi cette conviction si forte ?
Cyril Ondzigui (C.O.) :
Parce que c’est une vérité fondamentale. Une entreprise peut avoir le meilleur produit du monde, mais sans marketing, elle reste invisible.
Le marketing, c’est la respiration d’une entreprise : c’est ce qui lui permet d’exister dans le cœur et l’esprit des consommateurs. Il ne s’agit pas seulement de vendre, mais de créer du sens, de l’émotion et de la valeur.
Une entreprise qui veut croître doit comprendre son marché, écouter ses clients, raconter son histoire et s’adapter en permanence. C’est ce que j’ai appris au fil de mes vingt-deux années d’expérience au service des marques qui marquent.

Un parcours panafricain inspiré par la passion
T.R : Vous avez eu un parcours impressionnant à travers plusieurs pays africains. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C.O. :
Mon parcours est le fruit de la passion et du travail. J’ai eu la chance d’occuper des postes de direction commerciale et marketing dans des multinationales opérant dans quatre pays : le Sénégal, le Tchad, le Gabon et la Tanzanie.
À 24 ans, j’étais déjà Directeur marketing de Radio Nostalgie Sénégal, une expérience qui m’a ouvert les portes du monde des marques et des médias.
J’ai ensuite été le premier Gabonais à devenir Directeur marketing du groupe Airtel au Tchad, puis à occuper la même fonction chez Airtel Gabon, avec des résultats probants en matière de positionnement et de part de marché.

Entrepreneuriat et innovation
T.R : Vous avez aussi fondé plusieurs structures qui se sont imposées dans plusieurs pays…
C.O. :
Oui, j’ai créé trois entreprises aujourd’hui bien implantées au Gabon, au Tchad, au Cameroun et en Guinée équatoriale. Ce sont des marques fortes, mais je préfère ne pas citer leurs noms ici (rires) — je ne voudrais pas leur faire de publicité gratuite !
Ce que je peux dire, c’est qu’un bon marketeur doit savoir voyager dans le temps, anticiper les besoins du futur et surtout prendre du plaisir dans ce qu’il fait.
J’ai eu la chance d’exercer dans des secteurs variés : la téléphonie mobile, le mobile banking, les produits pharmaceutiques, l’agroalimentaire, l’agro-industrie, mais aussi l’assurance. Chaque secteur m’a permis de comprendre une nouvelle psychologie du consommateur.

Le marketing au service du social
T.R : Vous avez aussi travaillé dans le secteur public, notamment à la CNAMGS…
C.O. :
Effectivement. J’ai eu l’opportunité de diriger le service des prestations sanitaires et sociales de la CNAMGS, où j’ai mis en place un dispositif de satisfaction des usagers dans les structures hospitalières.
C’était une expérience humaine enrichissante, qui m’a montré qu’au-delà du marketing commercial, il existe aussi un marketing social, celui qui touche les vies et améliore la qualité de service.

Engagement, discipline et RSE
T.R : Et aujourd’hui, quelles sont vos priorités ?
C.O. :
Aujourd’hui, je suis passionné par les affaires corporatives, la communication institutionnelle et la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).
Je travaille au sein d’une multinationale basée au Gabon, où ma mission est d’impacter positivement, de créer du lien émotionnel entre les marques et les communautés, et d’ancrer la performance dans des valeurs humaines.
Ma devise reste la même :
« Celui qui ne planifie rien, planifie son échec. »
Mon secret ? Ne jamais avoir honte de dire que je ne sais pas. J’apprends chaque jour. Je dors rarement avant minuit, et je suis debout avant six heures. C’est dans cette discipline que je trouve l’inspiration et la force d’aller plus loin.

La clé d’une marque forte
T.R : Quelle est, selon vous, la clé du succès d’une marque forte ?
C.O. :
Une marque forte ne vend pas un produit, elle vend une émotion.
Regardez autour de vous :
Nike ne vend pas des chaussures, il vend la motivation.
Rolex ne vend pas des montres, il vend le prestige.
Red Bull ne vend pas des boissons, il vend l’audace.
Apple ne vend pas des téléphones, il vend l’élégance.
Tesla ne vend pas des véhicules, il vend l’innovation.
Hermès ne vend pas des sacs, il vend la distinction.
Les gens n’achètent pas ce que tu fais, ils achètent ce que cela dit.
Quand ils te choisissent, ta marque devient une extension de leur identité.
Alors, si tu es entrepreneur, retiens ceci :
-Arrête de vendre un produit. Commence à vendre une émotion, une valeur, une ambition.
Vise le cœur, pas seulement la logique.

Deux questions pour réussir
T.R : Quelle est la question que tout entrepreneur devrait se poser chaque matin ?
C.O. :
Deux, en réalité :
– Quelle émotion ou valeur ma marque incarne-t-elle ?
– Est-ce que mes clients la ressentent vraiment ?
Parce qu’au fond, le succès d’une marque repose sur un seul principe : créer un lien émotionnel entre le produit et le client.

À propos de Cyril Ondzigui,
Références professionnelles
Entreprises : Nostalgie, On Air, Airtel, Celtel, Zain, Kaldokaldo, Blue Santé, Camtel, Hit Radio, Cusinor, Olam, Ogar, CNAMGS.
Formations : Master 2 en stratégie marketing et intelligence ; mini MBA en télécommunications ; Master en marketing digital (programme Airtel – Harvard Business School, Kenya) ; coach et formateur certifié EMA Afrique.
Propos recueillis par THOMAS RENÉ
Publié sur GLOBE INFOS
