Par Piaco la plume.
Libreville le 01 novembre 2025. Autrefois vitrine de la production nationale, le Woleu-Ntem avait vu son or blanc disparaître des paysages villageois. Aujourd’hui, grâce à l’action d’Olam Rubber Gabon, la filière renaît et redonne espoir à des centaines de petits exploitants. Un modèle de relance agricole qui pourrait inspirer d’autres secteurs.

Le retour d’une mémoire agricole
Dans les années 1970, les villages du Woleu-Ntem vibraient au rythme des récoltes de latex. Le caoutchouc faisait vivre des familles entières, finançait écoles et commerces, et symbolisait la vitalité du nord du pays. Mais au fil des décennies, les plantations ont vieilli, les circuits de collecte se sont effondrés et les prix mondiaux ont découragé les producteurs.
Résultat : près de 80 % des plantations villageoises ont été abandonnées, laissant une région autrefois prospère en friche.
C’est cette page oubliée que Olam Rubber Gabon (ORG) a choisi de rouvrir. L’entreprise, acteur majeur de l’agro-industrie au Gabon, a lancé un programme de soutien aux petits producteurs visant à restaurer la filière à sa base : les exploitants ruraux.

Réhabiliter, former, acheter : une approche pragmatique
Le dispositif mis en place repose sur un triptyque simple et efficace : réhabilitation, formation et achat garanti.
ORG aide d’abord les villageois à remettre en état leurs plantations, souvent laissées à l’abandon depuis plus de trente ans. Les techniciens de l’entreprise apportent un appui pratique pour le nettoyage, la replantation et l’entretien des parcelles.
La deuxième étape consiste à former les producteurs aux bonnes pratiques : techniques de saignée, entretien durable des arbres, collecte et stockage du latex. Une démarche qui redonne professionnalisme et fierté à un métier délaissé.

Enfin, Olam s’engage à acheter la production locale. En 2023, 588 tonnes de caoutchouc ont été collectées, injectant 177 millions de francs CFA dans l’économie rurale. À terme, la production pourrait atteindre 800 tonnes, un objectif réaliste au vu du regain d’intérêt observé sur le terrain.
Des revenus stables et une nouvelle dynamique villageoise
Au-delà des chiffres, l’impact social est palpable. Les producteurs, souvent marginalisés, retrouvent un accès au revenu et à la bancarisation. Olam accompagne cette transition en facilitant l’ouverture de comptes et l’accès aux micro-crédits, permettant d’investir dans de petits équipements ou d’améliorer les conditions de vie.
Les visites techniques régulières garantissent un suivi de proximité et renforcent la relation de confiance entre l’entreprise et les communautés locales.
Dans plusieurs villages du Woleu-Ntem, les premières retombées se voient déjà : retour des jeunes vers les plantations, redynamisation des petits commerces et regain d’intérêt pour les activités agricoles. Un cercle vertueux semble se remettre en marche.
Un modèle de développement inclusif
L’initiative d’Olam s’inscrit dans la vision plus large de diversification économique portée par les autorités gabonaises. Elle illustre un modèle de partenariat public-privé réussi, où l’entreprise privée agit comme levier d’autonomisation des populations rurales.
En misant sur les compétences locales et sur la durabilité, le projet pourrait servir de laboratoire pour d’autres filières agricoles : palmier à huile, cacao ou manioc.
L’enjeu dépasse la seule production : il s’agit de reconnecter le monde rural aux chaînes de valeur modernes, tout en garantissant des revenus stables aux communautés.
Le Woleu-Ntem, symbole d’un renouveau agricole gabonais
Pour cette province souvent en marge des grandes dynamiques économiques, le retour du caoutchouc sonne comme une revanche. La renaissance de la filière prouve que la modernisation agricole n’est pas incompatible avec les savoir-faire traditionnels, à condition qu’elle s’appuie sur un accompagnement de proximité et une vision à long terme.
Le pari d’Olam Rubber Gabon, encore en construction, démontre qu’une politique de réhabilitation ciblée et inclusive peut redonner souffle à des régions oubliées. Et, peut-être, inspirer une nouvelle ère de souveraineté agricole pour le Gabon.
Chiffres clés en 2023 :
80 % des plantations abandonnées réhabilitées.
588 tonnes achetées par Olam en 2023.
177 millions FCFA injectés dans l’économie locale.
Objectif 2024 : 800 tonnes de caoutchouc villageois.
Formation, assistance technique et micro-crédits pour les producteurs.
