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[Gabon – Politique] Scrutins du 27 septembre : Nicaise Moulombi alerte sur « une démocratie menacée par la fraude »

Par Piaco la plume.

Trois jours après les élections législatives et locales du 27 septembre 2025, la contestation enfle. Dans une déclaration ferme et sans équivoque adressée à notre rédaction, Nicaise Moulombi, vice-président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et acteur reconnu de la société civile, a dressé un bilan sévère d’un scrutin marqué, selon lui, par des irrégularités systémiques.

Ces élections, premières du genre depuis l’instauration de la Ve République après le soulèvement du 30 août 2023, devaient incarner l’aboutissement d’une transition démocratique et la consolidation d’institutions rénovées. Elles étaient censées symboliser la renaissance politique du Gabon. Mais les faits observés sur le terrain dressent un tout autre tableau : absence de bulletins de certains candidats, listes électorales incomplètes, procurations distribuées massivement et détournées de leur objectif initial, sans oublier des scènes surréalistes de « transhumance électorale » à Ndendé, où des bus entiers ont convoyé des électeurs d’une circonscription à une autre.

« La démocratie ne peut se réduire à un décor d’urnes et de chiffres », a tranché Moulombi, dénonçant ce qu’il qualifie de « mécanique de fraude généralisée ».

La confiance électorale, pilier vacillant de la démocratie

Le message du vice-président du CESE est limpide : sans confiance, la démocratie perd son essence. « Chaque électeur a le droit de savoir que son vote compte réellement », a-t-il insisté. Or, les soupçons de votes fictifs attribués à des personnes décédées et d’organisations électorales défaillantes sapent, selon lui, la légitimité même des futurs élus.

Soixante-douze heures après le scrutin, la défiance est palpable dans l’opinion publique. Une inquiétude d’autant plus grande que, pour beaucoup, les résultats annoncés risquent de n’être qu’un « habillage destiné à perpétuer des intérêts privés », en contradiction flagrante avec l’esprit du suffrage universel.

Un appel à la retenue et à la responsabilité

S’il condamne avec vigueur les dysfonctionnements constatés, Moulombi plaide néanmoins pour la retenue et la responsabilité. Il met en garde contre les déclarations incendiaires de certaines personnalités politiques, qui pourraient nourrir des tensions inutiles. « Lorsqu’il n’y a rien de constructif à dire, mieux vaut se taire que d’attiser la colère », a-t-il martelé, se disant attristé par le comportement de certains responsables.

L’urgence d’une décision politique forte

Pour Nicaise Moulombi, le salut de la démocratie gabonaise pourrait passer par un geste décisif du Chef de l’État. « Si l’apaisement social et la restauration de la confiance doivent passer par l’annulation des scrutins du 27 septembre, il revient au Président de la République de prendre ses responsabilités », a-t-il déclaré. Un tel choix, estime-t-il, permettrait de transformer ce revers en « point de départ d’une refonte authentique », afin que plus jamais un Gabonais ne doute de la sincérité de son vote.