Libreville, 14 octobre 2025. La rédaction Globe infos.
Sous un ciel matinal de Libreville encore imprégné des effluves d’essence et d’humidité, le Directeur général de l’Aval pétrolier et gazier, Thibault Gaël Idoumi, a sillonné plusieurs stations-service de la capitale. Objectif affiché : évaluer l’effectivité de la politique de gabonisation des postes, une mesure phare initiée par le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, sur instruction directe du chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema.

« L’objectif pour nous est de voir si la mesure de la gabonisation des postes est réellement effective sur le terrain », a expliqué le directeur général, casque de sécurité vissé sur la tête, entouré de son équipe technique. « C’est une instruction du chef de l’État, et il fallait que j’aille personnellement constater sa matérialisation. »
Une mesure nationale, des résultats tangibles
De station en station, l’équipe de la Direction générale de l’Aval pétrolier et gazier a observé un constat encourageant : les opérateurs du secteur jouent le jeu.
« au nombre des stations déjà visitées, nous avons pu constater la présence d’une main-d’œuvre gabonaise à tous les niveaux: graissage, lavage, gestion de piste et même à la direction », s’est félicité M. Idoumi.
Les gérants rencontrés sont des Gabonais diplômés, souvent titulaires d’un Bac+ ou d’une licence professionnelle, qui ont choisi de s’engager dans un secteur longtemps dominé par des compétences étrangères.
« Ces jeunes font preuve de détermination et de professionnalisme. Ils incarnent la fierté nationale et traduisent dans les faits la vision du président de la République : un Gabon souverain dans la gestion de ses ressources », a poursuivi le directeur général.
Entre sensibilisation et fermeté
Si les premiers résultats sont prometteurs, les autorités entendent toutefois maintenir la pression.
« Avant d’en arriver aux sanctions, nous sommes dans une phase de sensibilisation. Nous voulons comprendre les défis, voir comment la mesure prend forme sur le terrain », a expliqué Thibault Gaël Idoumi.
Mais le ton se durcit aussitôt :
« Lors de notre prochaine descente, les opérateurs qui ne respecteront pas la mesure feront face aux sanctions prévues par le code des carburants. Ce sera sans délai et sans autre forme de procès. »
Cette fermeté traduit une volonté claire du gouvernement : faire de la gabonisation un levier structurel d’employabilité et de souveraineté économique.
Des opportunités nouvelles pour les jeunes et les femmes
Sur le terrain, les retombées de la mesure sont déjà perceptibles. Parmi les nouveaux visages du secteur, Grâce Renagou, jeune stagiaire pompiste, incarne cette nouvelle génération de Gabonais prêts à investir des métiers longtemps délaissés.

« J’ai une licence professionnelle en droit des affaires, mais l’employabilité dans mon domaine est difficile. Le secteur pétrolier s’est ouvert à nous, jeunes Gabonais et Gabonaises. J’ai donc saisi cette chance », confie-t-elle, sourire franc, tout en essuyant le pare-brise d’un client.
Consciente des stéréotypes de genre, la jeune femme assume son choix avec assurance :
« Certaines femmes m’ont encouragée, d’autres m’ont rappelé que nous sommes le sexe fort. Ce métier demande de la rigueur, mais aussi du contact humain. Même avec les clients les plus exigeants, il faut savoir rester professionnelle. »
Son message aux autres jeunes femmes ?
« Ne jugez pas un métier avant de l’avoir essayé. Venez sur le terrain, formez-vous et osez. »
Un pari social et national
En lançant la gabonisation des postes dans les stations-service, le ministère du Pétrole et du Gaz entend créer un mouvement d’inclusion et de valorisation du capital humain national.
Cette mesure, au-delà de son impact sur l’emploi, vise à réaffirmer la capacité du Gabon à maîtriser les maillons de sa chaîne pétrolière et gazière, tout en offrant aux jeunes et aux femmes de nouvelles perspectives de carrière.
Dans un secteur historiquement dominé par des intérêts étrangers, la dynamique actuelle marque un tournant structurel : celui d’un Gabon qui mise sur ses propres forces.
Comme l’a résumé Thibault Gaël Idoumi, « le secteur pétrolier n’est pas réservé à une élite technique ou économique. Il appartient désormais à tous les Gabonais prêts à s’impliquer, à apprendre et à faire rayonner leur pays. »