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Gabon / La fin de la récréation immobilière: Henri-Claude Oyima enclenche le ménage dans les baux administratifs

Une décision radicale face à une dérive budgétaire insoutenable : l’État gabonais gèle les loyers administratifs pour restaurer l’orthodoxie financière.

Par Thomas René. Libreville le 24 Mai 2025

Face à une explosion incontrôlée des dépenses locatives de l’administration publique, le ministre de l’Économie, Henri-Claude Oyima, a frappé un grand coup : suspension immédiate de tous les baux administratifs de l’État. Une mesure aussi audacieuse que nécessaire, qui met un terme à une décennie de dérives budgétaires, d’opacité contractuelle et de gestion hasardeuse des deniers publics. En s’attaquant à l’un des foyers les plus coûteux du gaspillage institutionnel, le nouveau patron des finances publiques pose les jalons d’un assainissement tant attendu. Car il ne s’agit plus de colmater les brèches, mais de reconstruire un système à bout de souffle.

Une dérive budgétaire explosive

En effet, le constat est sans appel. En l’espace de dix ans, les charges locatives de l’administration publique ont explosé de 275 %, passant de 6,6 milliards FCFA en 2013 à plus de 25 milliards en 2025. Le ministère de l’Économie chiffre aujourd’hui l’ensemble des dettes locatives à 67,3 milliards FCFA, dont 39,1 milliards en dettes cumulées et 28,2 milliards d’arriérés. Ce déséquilibre budgétaire, devenu insoutenable, est la conséquence directe d’une multiplication d’entités administratives sans stratégie immobilière, d’une absence de politique de réhabilitation, de la destruction de bâtiments publics (comme la Cité de la Démocratie) et d’une gestion financière « peu orthodoxe ».

Henri-Claude Oyima : une décision salutaire

Il fallait du courage politique pour s’attaquer à un tel chantier. Henri-Claude Oyima l’a démontré. Par cette mesure, il pose un acte fort de gouvernance et envoie un signal clair : la gestion des finances publiques ne peut plus être un terrain d’enrichissement personnel ou de connivences entre bailleurs privés et fonctionnaires complices. L’État doit redevenir maître de son patrimoine et sortir de cette dépendance toxique vis-à-vis du privé.

Un secteur à réorganiser de fond en comble

Cette suspension, qui touche à la fois les paiements en cours et les nouveaux engagements, n’est pas une simple mesure technique. Elle ouvre la voie à un nécessaire audit général, et probablement à une refonte complète de la politique immobilière de l’État. Car derrière les chiffres, se cache un échec collectif : l’État gabonais a loué, mais n’a ni construit, ni rénové, ni planifié. Résultat : des bâtiments publics logés dans des immeubles privés sans cadre juridique clair, des loyers surfacturés, des contrats obscurs, et une dépendance chronique qui coûte cher… très cher.

Vers une nouvelle orthodoxie budgétaire

La mise en ordre de ce secteur est non seulement urgente mais vitale. Elle répond aux exigences de rigueur imposées par la Vème République et s’inscrit dans les engagements du gouvernement pour la lutte contre la vie chère. Car chaque franc gaspillé dans des loyers injustifiés est un franc en moins pour les écoles, les hôpitaux, les routes ou les salaires. En suspendant les baux administratifs, Henri-Claude Oyima protège l’intérêt général, assainit les comptes publics et restaure la crédibilité de l’action gouvernementale.

La fin de l’impunité ?

Cette mesure appelle aussi des suites logiques : audits, sanctions, poursuites éventuelles, et surtout réforme structurelle. Il ne s’agit pas simplement de suspendre, mais de reconstruire. Et cela suppose d’identifier les responsabilités, d’assainir les pratiques, et de mettre en place une véritable politique patrimoniale d’État. Les Gabonais attendent désormais que ceux qui ont contribué à cette gabegie rendent des comptes.

En définitive, une action à saluer, un cap à tenir

Henri-Claude Oyima, par cet acte fort, montre qu’il est possible de dire stop aux dérives budgétaires et de replacer la gestion publique sous le sceau de l’efficacité et de la transparence. Il donne le ton d’un ministère de l’Économie qui ne transige plus avec la rigueur. La fin de la récréation est bien là. À présent, il faut aller au bout de la logique enclenchée, avec des réformes concrètes, durables, et porteuses d’équité. Le peuple attend.