Par Piaco la plume de Globe infos.
Libreville le 07 décembre 2025. Face au drame vécu par la famille de Nguema Bibang Alexandre, enseignant décédé dans l’indifférence institutionnelle, une question s’impose : que vaut encore la notion de “service public” lorsque ceux qui le portent paient le prix le plus lourd dans le silence absolu ?
Loin d’être un simple fait divers, cette tragédie révèle les failles profondes de la gouvernance éducative au Gabon et la déconnexion persistante entre décisions administratives et réalités humaines.

Une famille sacrifiée au nom des lenteurs administratives
Ce qui aurait dû être un simple cas de prise en charge sociale s’est transformé en véritable calvaire.
La veuve, les enfants, et l’ensemble des ayants droit de Nguema Bibang Alexandre vivent aujourd’hui les conséquences directes d’un système incapable de traiter avec dignité les siens. Retards bureaucratiques, absence d’assistance, silence institutionnel : autant d’obstacles qui transforment la douleur familiale en injustice publique.
Pour beaucoup de parents et d’enseignants, cette situation n’est pas une exception mais un symbole : celui d’une administration qui fonctionne encore comme si la souffrance des citoyens n’avait aucune valeur sociale ni politique.
Un ministère déconnecté des réalités de terrain
Dans un pays où l’éducation est régulièrement présentée comme “priorité nationale”, l’attitude du Ministère de l’Éducation Nationale interroge.
Loin des salles de classe vétustes, des élèves entassés et des enseignants épuisés, le ministère semble évoluer dans une bulle administrative où les dossiers s’empilent plus vite qu’ils ne se résolvent.
Le principe directeur de toute politique publique: l’intérêt général n’est plus qu’un slogan institutionnel, vidé de sens par des pratiques qui ignorent la souffrance humaine.
La question devient alors politique : comment un État peut-il prétendre réformer l’école lorsqu’il n’est même pas capable de protéger ceux qui la font vivre ?
La conscience de l’État mise à l’épreuve
Si, malgré le choc et la douleur, la détresse visible d’une veuve et de ses enfants n’émeut pas le sommet de l’appareil administratif, alors quelle voix pourra encore réveiller la conscience de l’État ?
C’est aux citoyens, aux enseignants, aux familles, d’interpeller collectivement les dirigeants pour rappeler que l’éducation ne se résume pas aux discours, mais se mesure à la manière dont la République traite ses serviteurs.
Un appel à la réforme structurelle, pas à la communication
Dans ce contexte, la réaction attendue du Gouvernement ne doit pas se limiter à une promesse ou à un communiqué.
Elle nécessite :
une réforme structurelle de la gestion administrative des personnels ;
une prise en charge immédiate des familles en difficulté ;
un audit public sur les retards de paiement, d’indemnisation et d’avancement ;
une responsabilisation claire des acteurs administratifs.
Ce drame doit servir d’électrochoc.
Car quand la politique se coupe de l’humain, ce sont les valeurs mêmes de la République qui se perdent.
Pour que la mort de Nguema Bibang Alexandre ne soit pas une ligne de plus dans un dossier oublié, la famille de cet enseignant mort en exercice de ses fonctions ne demande pas la charité : elle exige justice.
Et derrière elle, ce sont des milliers d’autres familles gabonaises qui appellent à un État plus responsable, plus humain, plus présent.
La balle est désormais dans le camp du Gouvernement.
Agira-t-il enfin, ou laissera-t-il la réalité percuter son indifférence ?
