Par la rédaction. Libreville le 20 octobre 2025.
En s’associant au groupe singapourien Olam, le Gabon a fait le choix stratégique d’une diversification économique fondée sur l’agro-industrie durable. Quinze ans plus tard, ce partenariat public-privé s’impose comme l’un des piliers du « Gabon vert » et un modèle de coopération équilibrée en Afrique.

En effet , c’est en 2010 que la République gabonaise et le conglomérat singapourien Olam ont scellé leur accord de partenariat appelé à transformer durablement la trajectoire économique du pays.
Dans un contexte marqué par la dépendance aux hydrocarbures, Libreville cherchait alors à ouvrir de nouveaux horizons productifs. Quinze ans plus tard, les fruits de cette alliance sont visibles :
– le Gabon a fait émerger un secteur agro-industriel structuré, centré sur deux filières stratégiques que sont: (l’huile de palme et le caoutchouc naturel), incarnées par Olam Palm Gabon et Olam Rubber Gabon.

Un modèle né d’une vision politique claire
La création du partenariat Olam–Gabon répondait à une ambition forte : diversifier les moteurs de croissance et bâtir une économie durable.
Le projet s’inscrit dans la stratégie nationale du “Gabon vert”, initiée pour concilier performance économique et préservation environnementale.
Dès le départ, les deux entités ont misé sur un modèle alliant production responsable, traçabilité et création d’emplois locaux.
« Il ne s’agit pas seulement de produire, mais de produire durablement, en valorisant nos ressources humaines et naturelles », expliquait à l’époque un cadre du ministère de l’Agriculture.
Un pari audacieux, aujourd’hui consolidé par des réalisations concrètes sur le terrain.

Des investissements à la hauteur des ambitions
Les chiffres traduisent la dimension du projet.
Olam Palm Gabon, détenue à 60 % par Olam et 40 % par l’État gabonais, a investi 1 156,6 milliards de francs CFA pour développer 63 000 hectares de plantations de palmiers à huile réparties sur quatre localités – Awala, Mouila, Makouké et Kélléndé.
Trois usines de production d’huile brute, un entrepôt de stockage et une raffinerie complètent cette infrastructure intégrée, l’une des plus modernes du continent.
Olam Rubber Gabon, pour sa part, a mobilisé 209,6 milliards de francs CFA pour la mise en valeur de 10 800 hectares d’hévéas dans la province du Woleu-Ntem, assortis d’une unité de semi-transformation du caoutchouc.
Ces investissements colossaux ont contribué à la création d’emplois directs et indirects, à la formation de compétences locales et à la revitalisation économique de plusieurs zones rurales.
Un partenariat public-privé exemplaire
Au-delà des montants investis, le partenariat séduit par son équilibre institutionnel.
La République gabonaise détient 40 % du capital, garantissant un contrôle stratégique, tandis qu’Olam apporte son expertise technique et sa capacité de financement.
Ce modèle de coentreprise illustre une nouvelle forme de coopération africaine : un partenariat gagnant-gagnant, où la souveraineté nationale se conjugue avec l’efficacité du secteur privé.
Le résultat est tangible : un dispositif industriel intégré, créateur de valeur locale et conforme aux standards internationaux.
Pour de nombreux observateurs, le modèle gabonais pourrait inspirer d’autres pays africains en quête d’industrialisation durable.

L’environnement et les communautés au cœur du projet
Dans un pays recouvert à près de 88 % par la forêt, la question environnementale est centrale.
Olam Palm Gabon et Olam Rubber Gabon se sont engagés à respecter les meilleures pratiques agricoles mondiales : protection des zones à haute valeur écologique, lutte contre la déforestation, réduction de l’empreinte carbone et reforestation des zones sensibles.
Les plantations d’Olam Palm Gabon sont certifiées RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil), un gage de durabilité reconnu à l’échelle internationale.
Le volet social n’est pas en reste : construction d’infrastructures rurales, soutien aux communautés locales, programmes de santé et d’éducation.
Des centaines de familles bénéficient aujourd’hui de cette dynamique économique et sociale portée par le partenariat.
Des défis à relever, une trajectoire à confirmer
Si le bilan est largement positif, certains défis demeurent.
Le pays doit encore renforcer la transformation locale pour augmenter la valeur ajoutée nationale et réduire les exportations de produits bruts.
La question de la transparence dans la gouvernance des coentreprises, de même que celle du partage équitable des bénéfices, reste au cœur des débats.

Mais la trajectoire est claire : le Gabon a amorcé sa transition vers une économie post-pétrolière, fondée sur la durabilité, la productivité et la souveraineté.
Une orientation saluée par les institutions internationales, qui y voient un exemple de bonne gouvernance et d’intégration du développement durable aux politiques publiques.
Vers un modèle africain de croissance verte
Au-delà du cas gabonais, le partenariat Olam–Gabon illustre la possibilité pour l’Afrique de construire ses propres modèles de croissance durable, sans reproduire ceux du Nord.
En misant sur la complémentarité entre capital privé international et pilotage public, le Gabon a su créer un cadre propice à l’investissement tout en gardant la main sur ses priorités nationales.
Aujourd’hui, entre palmiers, hévéas et développement durable, le pays incarne une nouvelle génération d’économies africaines : plus vertes, plus inclusives et plus stratégiques.
Un pari gagnant, qui pourrait bien devenir un modèle continental.