Quand la victoire électorale s’éloigne de la volonté populaire.
Par Piaco la plume.
Libreville, le 04 Novembre 2025. Les législatives de Ntoum laissent un goût amer. Battu, le candidat indépendant n’a pas seulement perdu un siège : il a mis à nu un système électoral où la victoire ne rime plus avec légitimité.
À travers sa déclaration post-électorale, Pierre J. Nsala Ondong, candidat indépendant crédité de 5,38 %, signe un texte rare, lucide, documenté, et profondément politique.

Un scrutin sous perfusion
« Dans le 1er arrondissement de Ntoum, les urnes ont livré un verdict net, mais douteux » explique-t-il.
Derrière les chiffres officiels, l’ancien candidat décrit une mécanique bien rodée : transport massif d’électeurs, achat de consciences et de cartes, transhumance électorale.
Procès-verbal d’huissier à l’appui, il évoque un taux d’abstention de 70 %. La députée proclamée du PDG, ne représenterait, selon lui, qu’une quinzaine de pour cent des résidents réels.
Victoire mathématique, légitimité politique absente.
Le malaise démocratique
« La République que nous construisons ne peut se bâtir sur la peur et l’argent. »
Cette phrase, extraite de la déclaration, résonne comme une mise en garde.
Nsala Ondong ne conteste pas le verdict : il met en lumière une faillite systémique.
Quand les citoyens désertent les urnes, non par indifférence mais par défiance, c’est la représentation nationale elle-même qui vacille.
À Ntoum, la majorité électorale proclamée repose sur une minorité sociologique. Un paradoxe démocratique qui menace la crédibilité du retour à l’ordre constitutionnel.
Un message au sommet de l’État
L’ancien candidat interpelle directement le président Brice Clotaire Oligui Nguema.
Il lui rappelle que la 5ᵉ République ne se construira pas uniquement sur des infrastructures, mais sur la qualité morale des institutions et des lois.
Les fondations de la République, dit-il, ne sont pas de béton mais de confiance citoyenne.
Et cette confiance, érodée par la manipulation et la transhumance, demande à être restaurée.
Ntoum, miroir d’un pays
Ce qui s’est joué à Ntoum dépasse une simple circonscription : c’est le reflet d’un pays en quête de sincérité démocratique.
Quand 70 % des électeurs s’abstiennent, c’est moins un désintérêt qu’un acte de protestation silencieuse.
L’abstention devient le vote invisible d’une République fatiguée.
La leçon d’un perdant lucide
Avec son ton mesuré et sa rigueur citoyenne, Nsala Ondong offre une lecture rare du moment politique gabonais.
Ses 5,38 % ne traduisent pas l’échec, mais l’éveil : celui d’une génération décidée à oser faire peur à la peur, selon sa propre formule.
Car en définitive, mieux vaut être minoritaire avec intégrité que majoritaire sans légitimité.
Citation mise en valeur :
« Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs. » Nelson Mandela, citée par Pierre J. Nsala Ondong
