Par Piaco la plume.
Le rendez-vous est fixé : le 10 novembre, la justice gabonaise ouvrira une session criminelle hors du commun. Au centre des débats, une affaire que tout le pays et bien au-delà observe avec une attention fiévreuse : celle de l’ancienne Première dame Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin Bongo Valentin, poursuivis avec plusieurs proches pour des faits présumés de corruption, de détournement et de blanchiment.

Mais au-delà des noms, c’est le visage de la justice gabonaise qui se joue dans cette affaire.
En annonçant cette session devant la presse nationale et internationale, le procureur général Dr Eddy Minang n’a pas seulement livré un calendrier judiciaire : il a posé un acte politique et moral. Son message est clair, presque solennel : « La justice s’exprimera, qu’ils soient présents ou non. »
Un pays face à sa conscience
Ce 29 octobre, depuis le tribunal de grande instance de Libreville, le ton du magistrat n’était pas celui d’un fonctionnaire récitant la loi, mais celui d’un État qui cherche à se réconcilier avec lui-même.
Le Gabon sort d’une ère où les frontières entre pouvoir et justice semblaient floues, où certaines affaires ne franchissaient jamais le seuil d’une salle d’audience.
Aujourd’hui, la machine judiciaire avance, au risque de déranger, au prix d’une transparence inédite.
Dr Minang le rappelle : les citations ont été régulièrement délivrées, les jurés tirés au sort, les textes respectés.
Cette précision, qui pourrait paraître technique, est en réalité politique : elle signifie que le droit reprend ses droits.
L’État de droit ne se décrète pas, il se prouve
Un pays ne change pas parce qu’il le proclame, mais parce qu’il l’incarne.
Dans une République longtemps marquée par la confusion des pouvoirs, voir la justice s’assumer, affirmer son indépendance et revendiquer sa rigueur, c’est déjà un signe de maturité institutionnelle.
Les procès ne suffisent pas à écrire l’histoire, mais ils en révèlent les lignes de fracture.
Ce qui s’annonce à Libreville n’est pas seulement le procès d’une famille, ni même celui d’un système : c’est l’épreuve de vérité d’une nation qui veut prouver qu’elle peut juger ses propres élites sans trembler.
La justice, enfin debout
Dans les prochains jours, le Gabon se regardera dans le miroir de sa justice.
Les débats seront vifs, les passions multiples, les critiques certaines. Mais une chose s’impose déjà : le temps de l’impunité semble s’éloigner.
Dr Eddy Minang et les magistrats qui l’accompagnent savent que les regards du monde sont braqués sur eux. Leur mission dépasse la procédure : elle engage la crédibilité de l’État.
Si cette session criminelle tient ses promesses, elle pourrait bien marquer le début d’une ère nouvelle, où la justice ne serait plus un instrument, mais un pilier.
Et dans ce Gabon en quête de renaissance, voir la justice se lever, droite, ferme et sereine, est peut-être le plus beau signe de progrès.
