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Africa Energy Week 2025 : le Gabon mise sur l’offshore profond pour relancer son secteur pétrolier

Par Piaco la plume.

Cape Town (Afrique du Sud), le 1er Octobre 2025. Le Gabon s’est présenté au forum Africa Energy Week avec un message clair : attirer de nouveaux investissements dans l’exploration offshore profond et très profond afin de freiner le déclin de sa production pétrolière.

Dans un discours tenu à Cape Town, le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, a reconnu sans détour la maturité des champs gabonais et le recul continu de la production depuis la fin des années 1990. Mais loin de céder au fatalisme, le gouvernement place désormais ses espoirs dans les zones encore sous-explorées de son bassin sédimentaire, qu’il compare aux grands bassins du Brésil et de l’Angola.

Des signaux positifs, mais un potentiel à confirmer

Pour appuyer cette stratégie, Libreville cite les découvertes des dernières années : Bourdon DBM-1 (huile, 2025, BWE), Diaman (gaz et condensat, 2013, TotalEnergies), Leopard-1B (gaz et condensat, 2014, Shell), ainsi que Ivela-1 et Boudji-1 & 2 (huile, 2018-2019, Petronas). Autant d’indices encourageants, même si ces découvertes ne suffisent pas, à ce stade, à inverser la tendance baissière de la production nationale.

Le ministre a insisté sur la nécessité d’une relance exploratoire en offshore profond et très profond, avec l’ambition de reconstituer les réserves nationales et d’apporter une production additionnelle.

Un cadre réglementaire en mutation

Sur le plan réglementaire, le gouvernement gabonais veut envoyer un signal fort aux investisseurs. Le Code des hydrocarbures de 2019 devrait être remplacé par deux textes distincts :

l’un consacré spécifiquement aux activités pétrolières,

l’autre dédié au gaz, afin de mieux intégrer les engagements du Gabon en matière d’énergies propres.

Autre mesure clé annoncée par Sosthène Nguema Nguema : la suppression des bonus de signature pour les projets d’exploration en offshore profond et très profond, une décision destinée à alléger le ticket d’entrée pour les majors et indépendants. S’y ajoute une fiscalité “adaptée au risque”, censée rendre le secteur plus compétitif face aux autres juridictions pétrolières africaines.

Une stratégie dictée par le politique

Cette relance exploratoire s’inscrit dans les “Très Hautes Orientations” du président Brice Clotaire Oligui Nguema, qui exige une augmentation rapide de la production nationale afin de contribuer à la relance économique et à l’amélioration du bien-être des populations. Le discours du ministre traduit donc une volonté politique ferme : celle de redonner au Gabon une place compétitive sur la carte des hydrocarbures africains.

Le pari de la stabilité et de la crédibilité

Reste une interrogation majeure : les investisseurs suivront-ils ? Dans un contexte mondial où la transition énergétique accélère et où les majors arbitrent sévèrement leurs portefeuilles, le Gabon doit convaincre de sa stabilité politique, de sa transparence réglementaire et de la rentabilité de son offshore profond.

Libreville veut croire que la demande mondiale en hydrocarbures restera soutenue “sur plusieurs décennies”, comme l’indiquent les projections de l’OPEP à l’horizon 2050.

En définitive, en présentant une stratégie claire et des incitations fiscales fortes, le Gabon positionne son secteur pétrolier dans un cycle haussier de l’exploration. Le pari est audacieux : attirer des capitaux lourds dans un domaine où le risque géologique et financier reste élevé.

Soulignons en toute fin utile qu’un signe encourageant se dessine déjà : selon nos informations, le Gabon est sur le point de conclure des partenariats stratégiques avec ExxonMobil et TotalEnergies, deux des majors les plus influentes du secteur. Si ces accords se concrétisent, ils pourraient marquer un tournant décisif dans la relance de l’industrie pétrolière gabonaise et crédibiliser le pari de l’offshore profond.