Par Piaco la plume.
Cape Town – Afrique du Sud, 30 septembre 2025. Le Gabon a fait entendre une voix forte et assurée à l’occasion de la African Energy Week (AEW) 2025. À la tribune de la table ronde OPEC-Africa, le Ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, a livré une vision claire : celle d’un pays qui entend tirer pleinement parti de ses ressources en hydrocarbures tout en préparant la transition énergétique.

Depuis Cape Town, le ministre gabonais n’a pas seulement parlé chiffres et gisements. Il a plaidé pour une politique énergétique plus attractive, destinée à rassurer et séduire les investisseurs internationaux. « Le secteur gabonais des hydrocarbures a encore de beaux jours devant lui, à condition d’adopter des mécanismes incitatifs et bénéfiques au pays », a-t-il affirmé d’une voix déterminée.
Réformes en profondeur
Au cœur de son intervention, une annonce stratégique : la révision du code des hydrocarbures, qui aboutira à la mise en place d’un code gazier et d’un code pétrolier distincts. Cette réforme, a insisté Nguema Nguema, vise à offrir plus de clarté et de sécurité juridique aux investisseurs, tout en garantissant un meilleur partage de la rente pétrolière et gazière avec l’État.

La carte du bassin sédimentaire gabonais demeure, elle aussi, un argument de poids. Encore libre à 72 %, ce vaste potentiel offre des perspectives considérables, notamment dans l’exploration offshore profond et très profond. Conscient des risques et des investissements colossaux que cela exige, le ministre a proposé de revoir les conditions d’entrée, en retirant notamment le bonus de signature d’exploration, jugé dissuasif pour les majors.
L’énergie comme levier de transformation
Mais l’ambition du Gabon ne se limite pas à extraire du pétrole et du gaz. Nguema Nguema a insisté sur le rôle clé que jouera le futur code gazier dans la diversification de l’économie nationale. Le gaz naturel, a-t-il expliqué, sera l’épine dorsale d’une stratégie de valorisation locale des matières premières, du manganèse aux minerais stratégiques.
Symbole de cette mue énergétique : la centrale de Mayumba, construite par Perenco, qui doit permettre d’alimenter aussi bien les ménages que les industries, tout en respectant des standards élevés de protection de l’environnement. « Avec cette structure, le Gabon sera en mesure de transformer ses minerais chez lui, créant de la valeur ajoutée et des emplois », a-t-il souligné.

Un Gabon qui rassure
Dans une Afrique où les discours sur la transition énergétique se multiplient, l’intervention de Sosthène Nguema Nguema a marqué par son dynamisme et sa lucidité. Le ministre a su conjuguer réalisme économique et vision stratégique, insistant sur le gaz comme une énergie de transition « rassurante » et sur le rôle du Gabon comme futur hub énergétique de la sous-région.
En se présentant à Cape Town non pas en simple exportateur de brut, mais en architecte d’un modèle énergétique africain, le Gabon veut démontrer que l’avenir du continent se joue aussi dans ses bassins sédimentaires, ses réformes juridiques et sa capacité à transformer localement ses richesses.
Avec ce discours offensif, Libreville envoie un signal fort : le temps de la dépendance passive est révolu. Place à un Gabon maître de ses choix, ouvert aux investisseurs, mais ferme sur la valorisation de ses intérêts.