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Éditorial/ Gabon : Brice Clotaire Oligui Nguema amnistie Kelly Ondo Obiang et signe une réconciliation historique

Kelly Ondo Obiang : Le symbole d’une République qui se réconcilie avec elle-même

Il est des gestes politiques qui dépassent le cadre juridique pour s’inscrire dans la mémoire collective comme des actes de réconciliation nationale.
Ce mardi, sous l’autorité du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, le Gabon a posé l’un de ces jalons historiques. Le lieutenant Kelly Ondo Obiang et ses compagnons d’armes, Estimé Manongo Bidima et Dimitri Nze Minkom, amnistiés et réintégrés dans l’armée, ne sont pas seulement des hommes libérés : ils sont les témoins vivants d’une nation qui choisit d’affronter son passé avec lucidité et grandeur.

Rappelons les faits. En janvier 2019, un geste spectaculaire : la prise de la Radiotélévision Gabonaise par un groupe de militaires menés par Kelly Ondo Obiang, dénonçant l’incapacité du pouvoir d’alors à répondre aux aspirations du peuple. Ce cri d’alarme, sévèrement sanctionné par quinze années de prison, trouve aujourd’hui une réponse inattendue : la reconnaissance implicite que, derrière l’acte de rébellion, se cachait une volonté de réforme, une volonté que le président actuel partage, au point d’avoir lui-même mis fin à l’ancien système.

En signant ce geste fort, Oligui Nguema démontre que l’autorité ne se mesure pas seulement à la fermeté, mais aussi à la capacité de tendre la main, même à ceux qui ont contesté le pouvoir avant lui. C’est là le signe d’une ouverture d’esprit rare en politique, et d’une compréhension profonde que l’unité nationale se construit sur la reconnaissance mutuelle plutôt que sur la rancune.

Ce pardon officiel n’efface pas le passé, mais il en transforme le sens. Il ne gomme pas les tensions, mais il les transfigure en opportunité de dialogue et de cohésion. C’est le cœur même de l’amnistie : un « geste symbolique de réconciliation sociale », pour reprendre les mots de l’historien Stéphan Gacon, qui trouve ici une application concrète.

Dans une époque où la tentation est grande de réécrire l’histoire à coups d’oubli, ce choix de la 5ᵉ République préfère assumer l’histoire pour mieux la dépasser. La réintégration des trois hommes dans l’armée n’est pas une simple formalité administrative ; elle est un acte de réhabilitation morale, une manière de dire que servir la République reste possible, même après l’avoir interpellée.

Ainsi, le Gabon envoie un message clair : la force d’une nation ne réside pas dans l’exclusion, mais dans la capacité à intégrer ceux qui, un jour, ont choisi une voie extrême pour exprimer une vérité. En ce sens, le chef de l’État inscrit son nom dans la tradition des dirigeants qui savent que l’autorité éclairée se conjugue toujours avec le pardon.

Ce jour marque donc plus qu’une libération : il inaugure un nouvel espace de confiance entre l’État et ses citoyens, et rappelle que, parfois, les chemins de la discorde peuvent mener à la concorde… lorsque le cap est tenu par une main ferme et un esprit ouvert.