Le Parti Démocratique Gabonais (PDG) OU « le gardien de prison politique ? »
PAR Thomas René
À l’aube des élections législatives et locales au Gabon, un nouveau bras de fer s’installe entre l’ex-puissant Parti Démocratique Gabonais (PDG) et l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) au pouvoir. Au cœur de la polémique : la transhumance politique, le quitus libératoire et la liberté des candidats. Derrière les arguments juridiques, se profile un duel d’influence qui pourrait envenimer la campagne et réveiller les vieux réflexes du passé.

L’air politique est lourd.
Les élections approchent.
Et voilà que le Parti Démocratique Gabonais (PDG), ancien maître des horloges électorales, brandit une alerte : certains candidats de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) seraient d’anciens militants du PDG… partis sans « quitter vraiment ».
Le reproche est clair.
Pas de quitus libératoire d’activité.
Pas de preuve officielle qu’ils soient libérés de tout lien moral et financier avec l’ex-parti.
Et donc, selon l’article 82 de la loi électorale gabonaise, risque d’invalidation pure et simple des candidatures.
Derrière la règle, l’ombre d’un verrou
On le sait : encadrer la transhumance politique, c’est légitime.
Éviter le nomadisme électoral, c’est sain.
Mais ici, le quitus devient un cadenas.
Un outil pour retenir, bloquer, neutraliser.
Une stratégie qui transforme l’ex-parti en gardien de prison politique.
Et là, on touche à l’essentiel :
Protéger la stabilité, oui.
Enfermer pour tuer politiquement, non.
Un PDG divisé qui cherche un nouveau front
Ironie de l’histoire : le PDG, déjà secoué par ses propres fractures internes, deux camps qui se toisent, deux lignes qui s’affrontent —, choisit ce moment pour ouvrir un nouveau front contre l’UDB, aujourd’hui au pouvoir.
Est-ce pour défendre un principe ?
Ou pour tester une manœuvre ?
Le risque est là : transformer ce débat en arme pré-électorale, alimenter la méfiance, affaiblir la crédibilité du scrutin avant même que les urnes ne s’ouvrent.
Deux poisons pour la démocratie
Oui, la transhumance incontrôlée abîme le jeu démocratique.
Oui, l’opportunisme électoral fatigue les citoyens.
Mais la captivité politique, ce maintien forcé dans les griffes d’un ancien parti est tout aussi toxique.
–L’un trahit l’esprit d’engagement.
-L’autre trahit l’esprit de liberté.
Et tous deux, ensemble, sapent la confiance dans nos institutions.
Angondjé : le cap à retrouver
Le Dialogue d’Angondjé avait tracé un chemin : assainir le jeu, ouvrir une ère nouvelle, permettre à une génération neuve de prendre le relais.
C’est là que se joue l’avenir :
Pas dans les querelles d’appareil,
Pas dans les règlements de comptes,
Mais dans l’émergence d’idées, de projets, de visages qui parlent aux Gabonais.
L’histoire est en train de s’écrire.
Elle ne pardonnera pas aux anciens réflexes de se glisser dans le récit du renouveau.