Categories DÉCRYPTAGES

Gabon : la société civile clôture un atelier stratégique sur les missions d’observation électorale

PAR Thomas René. Libreville le 25 Mai 2925.
Dans un contexte démocratique en quête de consolidation, la société civile gabonaise a démontré sa volonté de renforcer son rôle dans le processus électoral. Réunie à Libreville du 22 au 23 mai 2025, elle a mené un travail d’analyse critique et de projection autour de ses missions d’observation. À travers des constats lucides et des recommandations fortes, cet atelier marque une étape décisive vers une observation électorale plus crédible, coordonnée et inclusive.

En effet, c’est dans le cadre du Projet d’appui à la société civile et aux médias (PACEM-Gabon) que les organisations de la société civile gabonaise (OSCs) ont organisé, du 22 au 23 mai à l’hôtel Nomad de Libreville, un atelier de réflexion et de capitalisation des missions d’observation électorale. Pendant deux jours, les acteurs engagés dans le suivi du processus électoral ont partagé leurs expériences, analysé les forces et faiblesses de leurs actions, et formulé des recommandations pour un avenir démocratique plus transparent et inclusif au Gabon.

Une démarche collaborative pour améliorer la gouvernance électorale

Les échanges ont été articulés autour de sept sessions thématiques, bien que la synthèse générale ait retenu les enseignements des sessions 3 et 5, jugées particulièrement déterminantes.

La session 3, dédiée à la stratégie de coordination entre les principales plateformes d’observation (ROC, TLP, MOE et les OSCs), a mis en lumière plusieurs dysfonctionnements majeurs : absence de cadre formel de collaboration, outils de travail non harmonisés, conflits de leadership, divergences méthodologiques et carences en matière de confiance mutuelle. Des défis qui, selon les participants, compromettent la crédibilité et l’efficacité des missions d’observation sur le terrain.

La session 5, quant à elle, a porté sur les recommandations issues des déclarations préliminaires des différentes missions. Ces recommandations ont été saluées pour leur objectivité, leur neutralité et leur visée consultative. Elles s’adressent à plusieurs niveaux d’acteurs.

Des recommandations fortes pour une démocratie renforcée

Parmi les recommandations phares adressées à l’État et au ministère de l’Intérieur figurent :

L’inclusion des personnes vivant avec un handicap et des peuples autochtones dans le processus électoral ;

La simplification des procédures d’accréditation des observateurs ;

La création d’un guide national pour l’observation électorale ;

La mise en place de campagnes d’éducation citoyenne régulières ;

L’audit systématique des listes électorales avant chaque scrutin.

Les partis politiques sont quant à eux invités à encourager la culture de la paix et de la cohésion sociale auprès de leurs militants, tandis que les OSCs doivent renforcer leur neutralité, standardiser leurs formations, travailler en synergie et améliorer la transparence de leurs actions.

Vers un engagement citoyen durable et structuré

Au-delà de l’acte d’observer, l’accent a été mis sur le suivi des recommandations post-électorales. La mise en place d’un comité de suivi structuré, accompagné d’un plaidoyer institutionnel coordonné, a été proposée pour garantir une mise en œuvre effective des mesures suggérées. Un dialogue institutionnel permanent, incluant des concertations régulières avec les autorités, est également recommandé.

L’innovation n’a pas été en reste : l’atelier propose notamment d’organiser un forum national de restitution, de transmettre en amont la liste des OSCs accréditées aux autorités locales, de mener des campagnes de prévention des conflits électoraux, et de renforcer le professionnalisme des OSCs via un recrutement basé sur les compétences.

Un engagement salué à l’international

Les efforts des participants ont été chaleureusement salués par plusieurs partenaires internationaux présents, notamment Aksil Amirouche, du Centre européen des élections, Julic Schwab, attaché de l’ambassade de France, et Cécile Abadie, représentante de la délégation de l’Union européenne. Tous ont souligné l’importance de telles initiatives pour renforcer la démocratie participative au Gabon et améliorer les futurs processus électoraux.

Pourquoi ces rencontres sont cruciales

Dans un contexte où la confiance dans les institutions et les processus électoraux reste fragile, de telles rencontres permettent de renforcer la transparence, l’inclusion et la participation citoyenne. Elles favorisent également l’émergence d’une société civile structurée, professionnelle et crédible, capable de jouer un rôle moteur dans la consolidation de l’État de droit.

À l’heure où les enjeux électoraux restent sensibles en Afrique centrale, le Gabon donne ainsi un signal fort en matière de dialogue, d’auto-évaluation et de projection vers des pratiques électorales plus justes, plus efficaces et plus inclusives.

Par Thomas René.