Face aux dérives d’un système économique dominé par des intérêts étrangers et des complicités internes, la gabonisation de l’économie apparaît comme une urgence nationale. Porté par le président Oligui Nguema, ce projet vise à restituer aux Gabonais la maîtrise des secteurs stratégiques. Dans cette tribune, le journaliste Michel-Philippe Nze dresse un plaidoyer clair pour une souveraineté économique réelle, équitable et durable.
PAR Michel-Philippe Nze

La gabonisation de l’économie, défendue par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, est une nécessité pour restaurer la souveraineté nationale et favoriser un développement inclusif. Ce projet ambitieux vise à rendre aux Gabonais le contrôle des secteurs stratégiques tout en luttant contre les collusions entre certains acteurs politico-administratifs et des opérateurs économiques étrangers. Cette politique doit se concentrer sur six secteurs clés :
- Le BTP : un champion national gabonais
Alors que le Gabon investit massivement dans les infrastructures, il est crucial de promouvoir un groupe national de BTP dirigé par des Gabonais. L’État doit encourager les entreprises étrangères sous contrat à s’associer à des Groupements d’Intérêt Économique (GIE), soutenus par l’État, afin de structurer un secteur du BTP véritablement gabonais.
- Commerce : mettre fin à l’exclusion des Gabonais
Le commerce de boissons industrielles est monopolisé par des réseaux étrangers, notamment camerounais et nigérians, avec la complicité de certains acteurs administratifs. Pour remédier à cette situation, l’État doit imposer des quotas obligatoires en faveur des commerçants gabonais, faciliter l’accès au crédit via la Banque Entrepreneuriale du Gabon, et contrôler rigoureusement la légalité des opérateurs étrangers. Une campagne de sensibilisation inspirée du modèle camerounais encouragera les Gabonais à investir dans ce secteur.
- Les marchés : une gestion transparente et nationale
Les marchés stratégiques de Libreville, comme Mont-Bouët et Nkembo, sont gérés de manière opaque par des intérêts étrangers en lien avec des responsables publics. Ils doivent revenir sous la propriété de l’État et être administrés par les collectivités locales. Des consortiums mixtes d’opérateurs gabonais, reversant des taxes et dividendes à l’État, garantiront une gestion plus équitable et efficace.
- Transports : protéger l’initiative nationale
L’importation massive de taxis par des exploitants étrangers met en péril l’initiative nationale « un jeune, un taxi ». Il est nécessaire d’enquêter sur ces réseaux, de réserver les licences aux Gabonais, et de soutenir financièrement les jeunes entrepreneurs du secteur. À l’instar de Pointe-Noire, des mesures de protection sans décourager les investissements seront mises en place.
- Foncier : stopper l’accaparement des terres
Avec une population étrangère estimée entre 35 et 40 %, l’accaparement foncier par des non-Gabonais menace la souveraineté nationale. Une réforme cadastrale numérique, des contrôles rigoureux et un accès exclusif aux terres pour les nationaux sont nécessaires. Une communication efficace évitera toute tension communautaire.
- Ressources naturelles : stopper le pillage
L’exploitation illégale de l’or et du bois par des opérateurs étrangers prive le Gabon de ses richesses. Une surveillance accrue, des sanctions strictes et une valorisation locale par des entreprises gabonaises s’imposent. Le pays doit renforcer ses contrôles grâce à des partenariats régionaux et la télédétection.
- Entrepreneuriat : libérer le potentiel gabonais
La Banque Entrepreneuriale du Gabon, en collaboration avec l’ANPI, doit accompagner les projets nationaux via des formations et un accès protégé aux marchés pour les PME gabonaises. La création d’incubateurs sectoriels et des évaluations régulières éviteront les dérives clientélistes.
Vers une gabonisation réelle, efficace et assumée
La gabonisation de l’économie nécessite un démantèlement des réseaux de connivence politico-administratives qui freinent l’essor national. La mise en place d’une commission anti-corruption indépendante, des programmes inclusifs pour les zones rurales et les femmes, ainsi qu’une valorisation des réussites locales, permettront d’unifier les Gabonais autour de ce projet. Ainsi, l’économie gabonaise pourra devenir souveraine, équitable et prospère, en adéquation avec les aspirations nationales.